vendredi 12 mai 2017

Histoire médicale de la puberté au siècle des Lumières

Contrat Doctoral "L’éveil des sens. Histoire médicale de la puberté au siècle des Lumières"

Appel à candidature

Recrutement d’un-e doctorant-e pour une thèse en histoire moderne
Unité où s’effectuera la thèse : CERHIO FRE CNRS
École doctorale : ED 496 SCE (Sociétés, cultures, échanges)
Directeur.rice.s de la thèse : Didier BOISSON, professeur d’histoire moderne
Co-encadrant.e le cas échéant : Nahema HANAFI, maîtresse de conférences en histoire moderne ;
Régis COUTANT, PU-PH
Début de thèse : automne 2017
Durée de la thèse : 3 ans
Financement : Contrat doctoral de l’Université d’Angers
Description du sujet de thèse
À la croisée de l’histoire socioculturelle de la médecine et de l’épistémologie des sciences, le projet de thèse L'éveil des sens. Histoire médicale de la puberté au siècle des Lumières considère la manière
dont les sciences médicales modernes (anatomie, médecine, chirurgie et histoire naturelle) se sont saisies du concept de puberté. Portés par les renouvellements scientifiques du 17e siècle, les savants des Lumières, en tentant de comprendre le processus vital, ont fait de l’âge un sujet d’investigation, en particulier le « premier » et le « dernier », prélude à la construction de spécialisations médicales – pédiatrie et gériatrie – au 19e siècle. Une attention renouvelée s’est alors portée sur la puberté, un concept intrinsèquement lié à la nubilité et donc surtout mobilisé par les discours religieux et juridiques. Si le mariage ne constitue pas un champ d’action légitime des sciences médicales, la sexualité et la reproduction qui l’accompagnent ont en revanche fait l’objet d’une médicalisation croissante au cours des Lumières, signe d’une nouvelle rationalité du « gouvernement des corps », dans un contexte fortement populationniste marqué par une peur de la dépopulation et d’une dégénérescence liée aux enjeux coloniaux.
L’objectif de cette thèse est, dans un premier temps, de retracer la conceptualisation de la puberté par
les sciences médicales en portant une attention particulière aux variations énoncées en fonction des sexes, des classes sociales et des « races » (le concept de « race » émergeant alors dans le champ scientifique) ainsi qu’aux filiations entre les discours scientifiques et les discours religieux, juridiques et philosophiques sur ce thème. Démontrer combien les phénomènes biologiques liés à la puberté ont été observés et interprétés par les scientifiques en fonction de leurs propres représentations socioculturelles renseigne les processus d’élaboration d’une catégorie d’âge et de construction des savoirs en général, essentiels à l’épistémologie des sciences. Il s’agit, dans un second temps, de cerner les transferts et réappropriations des conceptualisations médicales. Les savoirs scientifiques, loin d’être cantonnés aux domaines de l’érudition, participent effectivement à l’élaboration de catégories opérantes dans le champ social, d’autant plus prégnantes que les Lumières impliquent une valorisation nette des sciences, de leur utilité sociale et de leur pouvoir normatif. Les incidences des représentations médicales sur le rapport au corps pubère, la différenciation sexuelle, les hiérarchisations raciales, l’âge au mariage, les comportements sexuels et les relations conjugales sont ainsi à souligner.
Cette thèse contribuera donc à comprendre, dans une perspective diachronique, les évolutions de la
notion de puberté, à en définir les contours et usages au sein et en dehors du champ médical, tout comme ses répercussions sociales. Elle constitue un sujet d’étude pluridisciplinaire novateur permettant de croiser histoire et épistémologie des sciences médicales. Les deux premières années seront consacrées à la lecture de la bibliographie, à la rédaction d’une problématique et à l’inventaire puis au dépouillement des sources (ouvrages juridiques, religieux et philosophiques ; ouvrages de médecine, d’anatomie, de chirurgie et d’histoire naturelle ; ouvrages d’éducation ou de vulgarisation scientifique ; journaux savants ; corpus iconographique), notamment conservées à la Bibliothèque Interuniversitaire de Médecine (Paris) ou numérisées sur Gallica et Wellcome Institute. La dernière année sera dévolue à la rédaction de la thèse et à la participation à des manifestations scientifiques.
Profil du/de la candidat-e
Le profil recherché est celui d’un-e étudiant-e ayant obtenu de très bons résultats au cours de son Master 2 en histoire. Il-elle devra posséder de solides connaissances en histoire générale des Lumières, mais aussi de la première modernité, et plus particulièrement en histoire sociale et culturelle, en histoire de la médecine et des sciences. Il-elle devra maîtriser la méthodologie de travail sur les sources modernes et en études sur le genre. Une capacité d’ouverture vers la philosophie et la sociologie des sciences sera appréciée. La possibilité de réaliser une cotutelle de thèse est également encouragée.
Recrutement du/de la candidat-e
Le jury de recrutement procède à la sélection (sur dossier) des candidat-e-s auditionné-e-s et réalise
l’entretien. Il est composé de : Yves Denéchère (professeur d’histoire contemporaine, directeur du CERHIO) ; Didier Boisson (professeur d’histoire moderne, directeur de thèse) ; Nahema Hanafi (maîtresse de conférences en histoire moderne et contemporaine, co-encadrante) ; Patrice Marcilloux (professeur d’archivistique, directeur de l’école doctorale SCE) ; Concetta Pennuto (maîtresse de conférence en histoire des sciences, université de Tours).
Candidatures
Les candidatures comportant une lettre de motivation, les notes obtenues en M1 et M2 et le curriculum vitae complet, doivent être envoyées à l’adresse suivante : didier.boisson@univ-angers.fr avant le 10 juin 2017.
Les entretiens avec le jury auront lieu le 28 juin 2017 (matin). Nous attirons votre attention sur le fait que seuls les dossiers de candidatures qui nous seront parvenus dans les délais et complets seront étudiés.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire