mercredi 5 juillet 2017

Les trames arborescentes et le corps humain

L'arbre anthropomorphique, l'homme arborescent. Les trames arborescentes et le corps humain de l'Antiquité à nos jours

Appel à communications


Trames arborescentes 4

Organisation : Naïs Virenque - Antoine Paris

Référents institutionnels : Véronique Adam - Sophie Albert
Lieu : Paris, Université Paris-Sorbonne
Date : 09 novembre 2017


Né en 2015, le projet Trames arborescentes a pour vocation de favoriser, à travers des groupes de travail et des journées d'étude, la rencontre de chercheurs dont l'arbre et l'arborescence sont au centre ou en périphérie des travaux. En 2015, un premier volet a été l’occasion d’aborder la confection et la croissance de structures arborescentes, textuelles et/ou iconographiques, dans la littérature, l’histoire de l’art et l’histoire des sciences au Moyen Âge et à l’époque moderne. En 2016, un deuxième volet a permis de réfléchir au recours aux trames arborescentes en art, littérature et sciences humaines de l’Antiquité à nos jours, en prenant soin de s’interroger sur les contournements et détournements dont le schéma arborescent peut faire l’objet et qu’il semble en fait souvent induire lui-même. Au printemps 2017, un troisième volet a été consacré aux trames arborescentes comme outils d’écriture et de fabrique de l’histoire de l’Antiquité à la Renaissance.

Ces trois journées d’étude ont été l’occasion de mettre en évidence une étroite imbrication, autant figurative que symbolique, mais aussi lexicale entre, d’une part, le végétal organisé et organisateur que désignent les termes « trames arborescentes » et, d’autre part, l’humain et sa substance la plus visible et évidente : son corps. Plus précisément, nous avons pu nous rendre compte d’un double processus.

D’abord, que ce soit dans le domaine de la littérature, des arts ou des sciences, il nous est apparu que les trames arborescentes faisaient souvent l’objet d’une adaptation au corps humain en prenant une apparence, voire en reflétant une symbolique anthropomorphe active et signifiante. C’est le cas, par exemple, des arbres de consanguinité médiévaux qui constituent le corps même d’une figure patriarcale, de l’imaginaire eschatologique de l’époque romane qui produit des créatures hybrides à mi-chemin entre l’homme et le végétal, ou encore des formes humaines que prennent parfois les gravures botaniques, en particulier dans le contexte de la pharmacopée alchimiste. Dans tous les cas, et bien que sa variabilité contextuelle, formelle et figurative soit considérable, le processus repose sur le même fondement : celui d’une imbrication substantielle entre l’arbre et l’homme.

Ensuite, nous avons constaté que, réciproquement, des représentations traditionnelles d’homme ou de corps humain faisaient souvent l’objet d’un prolongement, voire d’une figuration végétale complète via l’usage d’une trame arborescente. Là encore, les exemples sont nombreux et variés. Ils sont parfois d’origine étiologique : dans son analyse du cycle mythique thébain, Claude Lévi-Strauss rapproche la reproduction humaine de la croissance végétale, rapprochement dont il est possible de deviner une sensibilité dans d’autres mythes grecs ou dans des mythes nord-américains où les premiers humains naissent de la terre. Une telle association peut être le fait d’une matrice métaphorique qui lie et superpose le vocabulaire du corps humain à celui de la végétation : le sperma grec est à la fois la graine et la semence humaine. La culture chrétienne n’est pas non plus étrangère à de tels procédés associatifs : le Christ fait l’objet d’une ramification quand des vignes prolongent ses mains pour devenir la trame organisationnelle du monde ; le fidèle constitue lui-même le réceptacle de l’arbre de vie. Au Moyen Âge et à l’époque moderne, la médecine place l’homme et son corps au centre d’une trame arborescente censée en identifier les parties et innerve, jusqu’à nos jours, sa terminologie d’un lexique végétal pour le décrire. Quel que soit le contexte, la trame arborescente a une fonction heuristique, qu’elle soit cosmologique ou scientifique : elle positionne le corps dans un ordre du monde ou de la nature et elle guide celui qui la lit ou la regarde sur le chemin de la connaissance.

La quatrième journée du projet « Trames arborescentes » s’attachera donc aux formes, aux figures et aux processus qui assimilent le corps humain à une trame arborescente. Quel est le statut des rapprochements entre corps humain et univers végétal ? Sont-ils purement rhétoriques ou illustratifs ou bien reflètent-ils le sentiment d’une affinité profonde entre l’arbre et l’humain ? Conduisent-ils à une assimilation entre humain et végétal ou, au contraire, s’appuient-ils sur une différence maintenue entre l’un et l’autre ? Reflètent-ils les conceptions des relations entre corps humain et règne végétal propres à une civilisation ou relèvent-ils de constantes anthropologiques universelles ? À quelles fins une telle assimilation est-elle mise en place ? Par qui, dans quel contexte, pour quel destinataire ? Quels peuvent en être les exemples et comment opèrent-ils ? La trame arborescente structure-t-elle le corps, et si oui, en quoi ? Pour proposer des réponses à ces questions, cette journée s’organisera en trois séances de travail.

Premièrement, il s’agira de réfléchir à la genèse du lien entre les trames arborescentes et l’homme ou le corps humain. Quels sont les hommes à l’origine des arbres, les arbres à l’origine de la végétalisation de l’homme ? Nous nous attacherons en particulier aux mythes, aux croyances et aux images qui tissent des rapports étroits et structurels entre l’arbre et l’humain. Cette première session sera principalement l’occasion de s’interroger sur les imbrications entre trames arborescentes et homme ou corps humain du point de vue cosmologique et cosmographique : que suppose et qu’implique une telle interaction quant à la manière de concevoir le monde et le vivant ?

Deuxièmement, il s’agira de s’interroger sur la valeur ajoutée que les trames arborescentes et le corps humain s’apportent mutuellement. Quelle est l’efficacité d’une telle association ? Est-elle signifiante en elle-même ? Les trames arborescentes et le corps sont-ils entièrement superposables ou leur association démultiplie-t-elle leurs potentialités symboliques, mnémoniques, déictiques ? Ainsi, l’objectif de cette deuxième session sera de se questionner sur l’efficacité et les éventuelles limites de l’imbrication, de la superposition et de l’association des trames arborescentes à l’homme ou au corps humain.

Enfin, il s’agira de considérer la trame arborescente comme un outil heuristique pour connaître et comprendre le corps. En quoi est-elle un instrument non négligeable pour décrire et assimiler la complexité du corps humain ? Que permet-elle qu’un autre modèle ne permettrait pas ? Au croisement de la philosophie, de la biologie et de l’iconologie, cette troisième session aura pour but de réfléchir aux modalités et à la pertinence du recours à la trame arborescente pour délimiter, circonscrire et définir ce qui ferait l’essence ou la nature de l’homme.

Les propositions de communication d’une page maximum, sans restriction disciplinaire ni limite chronologique, doivent être envoyées avant le 09 juillet 2017.


Contacts
Naïs Virenque (nais.virenque@univ-tours.fr)
Antoine Paris (antoine7.paris@wanadoo.fr)

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